Comme souvent, quand je dois rejoindre un endroit dont je ne suis pas sûr qu'il soit fait pour moi, (ou moi pour lui), je me suis égaré en chemin. C'est après un détour de plus de 100 kilomètres que j'arrivai enfin dans ce superbe village de l'Eure, au sud de Rouen : Le Bec-Hellouin. Dominé par la tour anglo-normande, Saint Nicolas (15ème siècle) la plupart de l'activité tourne autour du tourisme et de l'abbaye dont les bâtiments sont classés "monuments historiques".
Le village
Comme dans beaucoup de ces villages à vocation essentiellement touristique nous y trouvons restaurants, café, antiquaires et galerie de peinture.
En savoir plus sur le village
L'abbaye:
| L'abbaye abrite encore actuellement une communauté de moines bénédictins. Elle date du moyen âge, mais la plupart des bâtiments ont été détruits, dont malheureusement l'église abbatiale. (XIVème). Il en reste quelques vestiges: on devine qu'elle était composée d'un choeur immense, aussi grand que la nef ce qui est le signe d'une importante communauté de religieux. Il devait y avoir autour du chevet six chapelles rayonnantes et sûrement un déambulatoire... Sa taille laisse penser que l'abbaye avait un grand rayonnement au moyen âge. |
Les vestiges de l'église abbatiale Le massif de buis correspond à l'emplacement du maître autel | |
L'abbaye du Bec-Hellouin a été fondée en 1034 par Herluin (d'où le nom Hellouin) rejoint par deux compagnons: Lanfranc de Pavie, écolâtre et bâtisseur et Anselme d'Aoste, philosophe et maître spirituel. Ils portèrent la tradition culturelle et spirituelle du Bec jusqu'en Angleterre où ils furent archevêques-primats de Canterbury (ou Cantorbery). Elle a eu et a encore des liens étroits avec l'Anglicanisme et Canterbury. | |
| Les vestiges de l'église abbatiale Les traces de l'ancienne église sur le mur exterieur des actuels bâtiments conventuels. Arcades gothiques du transept. |
Actuels bâtiments conventuels | |
Les bâtiments conventuels ont été reconstruits et rénovés par les moines mauristes (congrégation de St Maur) au XVII/XVIII ème siècle), jardins à la française. De nouvelles destructions, un incendie détruisit les bâtiments et à la révolution, les écrits et archives furent brûlés sur la place publique. Malgré cela la bibliothèque conserve quelques 80 000 volumes, dont quelques uns très anciens et de nombreux écrits anglais.
Puis l'armée occupa la place, de Napoléon jusqu'en 1948, Napoléon y fit un haras pour la remonte des chevaux. L'église actuelle est l'ancienne écurie (ou grange à foin), on remarquera la superbe voûte en berceau renversée.
Le cloître est également un chef d'oeuvre d'architecture, le premier cloître classique en France, de forme carrée, terrasse italienne.
En savoir plus sur l'abbaye
Le cloître | |
J'ai été accueilli par ces moines, et j'y ai passé vingt quatre heures. J'ai logé et partagé les repas. C'est une expérience édifiante de voir comment vit une communauté en dehors de notre monde sur un grand nombre de points de vue: pas de télé ni radio, mais pendant les repas lecture nous est faite et c'était un livre de Léon Blum! Une communauté fraternelle où tout le monde est responsable et respecté. Contrairement à ce que l'on pourrait croire un grand esprit d'ouverture, un sens de l'accueil très chaleureux.
L'église (superbe voûte en berceau renversé) | |
Quoi qu'on puisse en penser, le choix de vie de ces hommes ne laisse pas d'interroger...
On m'avait dit qu'on ne sortait pas d'une abbaye tout à fait identique à ce qu'on y est entré. C'est un peu vrai.
Les environs
C'est la belle campagne normande que j'ai pu sillonner à pied sous un soleil ardent. Le Bec-Hellouin est dans un petit vallon, des forêts sur les pentes, un plateau de culture sur les crêtes, cette année j'y ai vu du lin et du colza, des pâtures, des chevaux avec centre équestre, et évidemment de belles demeures à colombage et toit de chaume. Au fond de la vallée, le Bec coule tranquillement.