Le Vin de solitude est un roman racontant l'enfance d'Hélène Karol, fille d'un homme d'affaire qui a fait fortune, Boris Karol et d'une femme disons frivole, Bella Sofranov. Cette femme méprise son mari issu d'une classe sociale inférieure, alors que lui est en admiration devant son épouse.
...la tante de Bella, une Sofranov de la branche aînée, de celle qui était restée riche, qui n'avait pas dilapidé sa fortune,qui n'avait pas eu besoin de marier ses filles à de petits Juifs obscurs, gérants d'une fabrique de la ville basse. (extrait)
Le roman commence quand Hélène a huit ans. Il décrit les relations qu'elle a avec ses parents. D'un côté, son père qu'elle adore mais qui est souvent absent. Il est absorbé par son travail et les jeux d'argent. De l'autre coté, sa mère qui l'ignore, la rejette et nourrit une haine envers elle. Heureusement Hélène a une gouvernante française qui a une réelle affection pour elle. Ce sera le seul point positif du roman. L'enfance d'Hélène est faite de solitude et d'amertume. Les événements de Russie oblige la famille à s'expatrier, et là commence un nouveau huis clos entre Hélène, sa mère Bella, et son amant Max, cousin d'Hélène. Son père étant de plus en plus absent, Hélène voit naître en elle une haine pour sa mère et rêve de vengeance.
Cette oeuvre, qui est largement autobiographique, est cruelle. On voit comment cette enfant construit point par point une haine pour sa mère, résultat d'un manque d'amour féroce et d'une solitude sans limite. L'oeuvre est terrifiante de lucidité et on se demande souvent si c'est la jeune adolescente qui parle ou l'auteur, tant les propos sont acerbes et perspicaces et les sentiments, plutôt les ressentiments sont décrits avec froideur. On a souvent décrit la haine ou l'amour,mais ici le manque d'amour -quoique le mot soit mal approprié, car manque signifie qu'il y en a, certes pas assez, mais au moins un peu- l'absence d'amour aussi bien. Et c'est cette absence d'amour qui est l'essence même de la solitude d'Hélène : son Vin de Solitude.
Pour illustrer les relations entre Irène Némirovsky et sa fille, il faut savoir, par exemple, qu' une fois Irène et son mari déportés, leurs filles se sont présentées chez leur grand mère qui a refusé de les accueillir. La mère d'Irene Némirovsky a passé la guerre à l'abri dans un palace à Nice.
Pourtant quand elle meurt (à 102 ans en 1989) on ne retrouve dans son coffre fort qu'un livre: David Golder écrit par sa fille Irène.